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Première prospection à Lastoursville - Journal de Bord #2

samedi 4 juillet 2015, par Hugo Struna

La traque des grottes à commencé. Premier contact avec la forêt, première mise en jambe. Retour sur cette première journée dans la forêt dense avec un seul mot d’ordre : repérer des cavités.

J2, 30 juin

Première journée de mission. Olivier et Richard optent pour une première séquence de recherche - ou de prospection, comme ils disent – à Lastoursville même, près d’un petit aérodrome. Ici, il y a plus de quarante ans, des entrées de cavités avaient été pointées par un géologue français et son équipe, mais non explorées. Pour se mettre en jambe et tester le matériel, rien de tel qu’une sortie à proximité de la ville, et qui plus est dans une zone qui contient, à coup sûr, des grottes. Encore faut-il les trouver…

Repérer les entrées de grottes, tel est donc notre premier objectif. Nous progressons en file indienne dans la forêt. A l’air d’une lourdeur assommante, s’ajoute l’humidité d’un hammam. Nos chemises trempées collent au corps. « Un marigot, suivons-le ! » lance, ferme, Olivier qui semble tenir une première piste en découvrant ce ruisseau. En effet, les cavernes se creusant dans une roche calcaire (ici la dolomie) par l’action d’un écoulement d’eau, les cavités se trouvent logiquement entre une entrée et une sortie de ruisseau. Alors, avec son GPS, Olivier pointe les écoulements sur une carte puis mesure pH et conductivité. Des informations qui peuvent aider à savoir si oui ou non l’écoulement traverse une roche calcaire (basique et conductrice), et donc éventuellement une grotte.

Deux équipes se séparent pour optimiser les chances : Olivier, Stéphanie et Prosper décident de descendre en contre-bas pour identifier les pertes, c’est-à-dire les ruisseaux qui plongent dans une cavité. Richard, Narcisse et moi misons plutôt sur la falaise où l’eau peut sortir d’un trou ou d’une grotte. Deux stratégies, dont aucune ne s’avère payante…

Olivier nous explique où et comment chercher les grottes dans des zones
Cartes, GPS, chasseurs… Olivier nous présente les outils de recherche

Nous poursuivons notre route, cartes et GPS en mains ; croisons des bananeraies, des palmiers - dont l’huile est une ressource majeure dans la région. Justement, un peu plus loin, nous apercevons un homme accroupi devant un palmier couché au sol. Il est en train d’extraire le sirop de palme qui coule lentement au fond d’une volumineuse jarre en verre. Les habitants appellent ce succulent sirop le Toutou, qui fermente si rapidement que l’alcool se ressent à peine la boisson sortie de l’arbre. Richard profite de cette rencontre fortuite pour sonder chez l’homme sa connaissance des grottes du secteur. « Oui, oui, je vous emmène ! » nous répond-il gentiment. Nous voilà partis pour suivre notre nouveau guide, persuadé qu’il est de connaître ce que nous cherchons. Incrédule, Richard, avec qui je suis resté, l’avertit que ce qui nous intéresse sont les grottes, et non les abris ou porches sans profondeur. Malgré une réponse encourageante, ce que nous présentions se produit : en haut de la falaise où notre guide nous arrête, il n’y a rien de plus qu’un petit abri sous roche.

Mais lorsqu’Olivier, qui nous a rejoint entre temps, engage quelques pas en longeant la falaise, il nous revient ravi : « Richard, regarde ce bout de charbon que j’ai trouvé là-bas, à quelques mètres. Il y a un site majeur d’archéologie ! ». Et en effet, lorsque nous arrivons sur place, un sublime abri sous roche s’offre à nous. « Ça fait longtemps que je n’en ai pas vu d’aussi beau ! » s’exclame Richard qui s’apprête déjà à gratter les tranches de sédiments. Dans cette salle ouverte de 25 mètres de largeur, 400m2 à vue de nez, on retrouve du charbon de bois, des jaspes – pierres de taille – et même des quartz… Des passages humains anciens sont plus que probables. Mais le matériel nous faisant défaut, il faudra revenir. Comme toutes les grottes de la région, un nom lui est attribué : ce sera le nom du village le plus proche, Youmbidi (matsina). Nous décidons d’achever cette sortie sur cette belle découverte. Une première journée fructueuse qui en augure de multiples autres…

Olivier rapporte un charbon faisant le bonheur de son collègue archéologue Richard.

Richard, découvrant le potentiel archéologique de ce nouveau site.

Richard découvrant le potentiel archéologique du site majeur

L’équipe du jour :
Richard OSLISLY, géoarchéologue
Olivier TESTA, spéléologue
Stéphanie JAGOU, spéléologue
Prosper NTOUTOUME, archéologue
Narcisse LEMBOMBA, écoguide
Hugo STRUNA, journaliste

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